dimanche 20 décembre 2009

A0055 Préservons l'infodiversité menacée par les standards

De même qu'il faut lutter contre le réchauffement sémantique (billet A0045), il faut préserver l'infodiversité.
Le grand ennemi de l'infodiversité, ce sont les standards.

Le mot "standard" vient de "étendard".
Un standard, on le suit aveuglément, tel le chevalier aux yeux rivés sur l'oriflamme de son seigneur sur le champ de bataille. Pas facile en même temps de surveiller  là  où le destrier pose  ses sabots, ni de scruter l'horizon.

On commence par des standards de codage de l'information, -assez légitimes, encore qu'il faille leur préférer le langage naturel, voir billet A0047- puis on passe vite aux  standards de programmation, puis aux standards de conception, puis aux standards d'architecture.
Et  tout le monde fait tout pareil.

Le management conclut rationnellement  qu'il vaut mieux utiliser ce que les autres ont déjà fait, puisqu'il n'y a rien de mieux à faire que de faire pareil.
On perd vite tout esprit critique, toute capacité à faire, et finalement toute capacité à juger de la qualité de ce que l'on réutilise chez les autres, au demeurant de plus en plus rares.

Même les chercheurs en sont paralysés: il n'osent plus la moindre nouveauté, de peur de sortir des traces de sabots de leurs prédécesseurs immédiats, et de se hasarder sur des chemins inexplorés où aucune agence d'évaluation ne les attend.
Leur seule perspective de changement est l'apparition de nouveaux standards, à la poursuite desquels ils pourront chevaucher à nouveau leurs dadas favoris.

Heureusement, les directions marketing des grands éditeurs de logiciel veillent: quand, après quelques années, un standard ne rapporte plus assez, quand les escadrons suiveurs s'enlisent ou tournent en rond, elles font apparaître un beau matin  au sommet de la colline un nouveau bout de tissu aux reflets chatoyants, brillant de mille feux sous les premièrs rayons du soleil levant.

Notons au passage que "Infodiversité" est un diamant sémantique (voir le billet A0051), qui m'a permis par exemple de découvrir le site Geoweb.

Aucun commentaire: